Lancé en 2021, le programme NEO 2 marque un tournant historique dans la modernisation des forces de sécurité françaises.
À l'occasion de Milipol 2025, Marine Pagnon, Responsable des relations institutionnelles et des partenariats chez Crosscall, dresse le bilan de 4 années de collaboration stratégique avec les forces de l'ordre et nous dévoile sa vision pour les communication critique de demain.
NEO 2 représente une ambition technologique majeure dans le secteur de la Sécurité publique. Comment est né ce projet et comment Crosscall a-t-il su répondre à ses enjeux ?
Marine Pagnon : Le programme NEO 2 s'inscrit dans une philosophie française très spécifique de la sécurité publique. Notre modèle repose sur la présence d'agents en civil ou en uniforme directement au contact des populations, assurer une sécurité de proximité, dissuader et porter assistance.
Mais cette présence terrain nécessite d'être toujours plus efficace et polyvalent dans les missions de sûreté, de contrôle et d'intervention d’urgence. L'Agence du Numérique des Forces de Sécurité Intérieure (ANFSI) avait donc pour ambition avec NEO 2 de doter l'ensemble des agents d'un smartphone unique, leur permettant de renforcer leur mobilité et de mener à bien une plus grande partie de leurs missions directement sur le terrain.
Prenons un exemple concret : auparavant, lors d'un contrôle d'identité, si l'agent devait vérifier des informations sur un individu, il fallait l'emmener au commissariat, effectuer la vérification, etc.. En termes d'efficacité opérationnelle, c'était énormément de temps perdu. Avec NEO 2, l'agent accède directement aux fichiers de police depuis son smartphone, peut effectuer des contrôles en mobilité, et prendre les décisions appropriées immédiatement.
Crosscall a répondu à ces enjeux en s'appuyant sur ce qui fait notre ADN : un smartphone évidemment résistant aux conditions les plus extrêmes et doté d'une autonomie prolongée. Mais nous sommes allés au-delà. NEO 2 est devenu un outil qui s'intègre parfaitement dans l'ensemble des usages de terrain : des missions de sécurisation sur la voie publique aux contrôles routiers avec les motards, des contrôles aux frontières aux missions les plus délicates menées par les unités d'élite. C'est cette polyvalence qui fait toute la différence.
Quelles preuves concrètes d'efficacité opérationnelle avez-vous pu constater sur le terrain ?
M.P. : Le chiffre le plus marquant à mon sens, c’est un taux de casse inférieur à 1% sur l'ensemble de la flotte. Quand on considère le nombre d'interventions quotidiennes, la rudesse des missions et la mobilisation intense des forces au quotidien pour la sécurisation de grands événements sportifs comme les Coupes du Monde rugby et de football, ou les Jeux Olympiques, c'est une véritable prouesse.
Autre indicateur de réussite : le contrat initial se prolonge jusqu’à 2029, bien au-delà de la durée initialement prévue. C'est le gage d'une durée d'utilisation bien plus importante qu'imaginé à l'origine, ce qui démontre la fiabilité de nos équipements dans le temps.
Mais ce qui est peut-être encore plus révélateur, c'est l'utilisation de plus en plus polyvalente des smartphones grâce à tout notre écosystème d'accessoires. Le X-COMM, par exemple, a été développé spécifiquement pour remplacer le micro-poire traditionnel. Dans des environnements bruyants, il facilite considérablement les communications radio tout en offrant une ergonomie à laquelle les agents sont habitués. Le X-COMMAND permet quant à lui aux motards de piloter leurs communications directement au guidon, sans compromettre leur sécurité lors de contrôles routiers, et offre la discrétion nécessaire aux agents lors d’opérations de surveillance.
Comment expliquez-vous cette réussite ?
M.P. : Je dirais qu'elle repose sur deux piliers fondamentaux.
Le premier, c'est que le produit est devenu bien plus qu'un smartphone. C'est une véritable plateforme de développement qui permet de répondre à des besoins concrets et des usages évolutifs. Il y a eu un véritable travail de recherche et développement mené en collaboration avec la Police et la Gendarmerie Nationale pour aboutir à un produit modulable qui réponde au maximum à leurs besoins opérationnels.
Le deuxième pilier, c'est notre approche de collaboration de proximité. Crosscall est une structure à taille humaine, ce qui nous donne une flexibilité et une agilité que n'ont pas forcément les géants du secteur. Nous avons des équipes dédiées qui assurent le support auprès de l'ANFSI pour toute la partie développement sur- mesure. Cette proximité nous permet de réagir rapidement, de co-construire des solutions et d'assurer une opérabilité parfaite avec les enjeux de sécurité intérieure, notamment en matière de protection des données sensibles.
En parlant de proximité, cette collaboration a également été l'occasion de déployer des innovations de pointe, notamment pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024.
M.P. : Absolument. Les Jeux Olympiques de Paris ont représenté un dispositif exceptionnel de sécurité publique, avec des forces déployées en très grande mobilité sur l'ensemble des sites olympiques et dans toute la région parisienne.
Cet événement a été l'occasion d'un essai grandeur nature du réseau de communication critique STORM sur plusieurs milliers de terminaux. STORM, c'est le programme qui vise à remplacer les radios conventionnelles par des communications 4G sur smartphone.
Dans le cadre de la préparation de cet événement majeur, nous avons constaté qu'il manquait des accessoires audio adaptés pour faciliter l'usage de la radio. Dans des environnements bruyants, avoir un accessoire dédié fait totalement sens pour fluidifier les communications. C'est comme ça qu'est né le X-COMM, que nous avons développé entièrement sur mesure. C'est un produit assez unique sur le marché : à la fois Bluetooth et filaire, durci, ergonomique pour répondre aux exigences opérationnelles des forces de terrain.
Qu'est-ce que ces tests à grande échelle présagent pour l'avenir des communications des forces de sécurité ?
M.P. Cela ouvre la voie à une modularité encore plus grande. On voit déjà apparaître des développements comme NEO DK avec le contrôle biométrique, qui est parfaitement compatible avec les terminaux Crosscall. Ça va permettre d'ajouter encore une couche de fonctionnalité sur le terrain.
Mais la dernière grande nouveauté développée par Crosscall, c'est la nouvelle version de X-SPACE. Cette solution permet de transformer le smartphone en véritable ordinateur fixe, avec une diffusion désormais sur deux écrans 4K. L'agent branche simplement son smartphone à l’écran, et il dispose d'un poste de travail complet. Un seul terminal pour la mission terrain et pour le travail au bureau.
Les implications sont considérables : des économies substantielles sur le parc informatique, une gestion de flotte grandement simplifiée, et un impact environnemental moindre puisqu'on réduit drastiquement le nombre d'équipements nécessaires. On estime qu'un smartphone peut remplacer jusqu'à 5 terminaux différents.
De plus, il y a la question de l'interopérabilité. Avec le déploiement à grande échelle de STORM sur l'ensemble du parc de smartphones des forces de sécurité, on va vers une convergence des outils de communication d’urgence, avec une disparition progressive de la radio au profit du smartphone.
Enfin, l’avènement de l’intelligence artificielle laisse présager de nouveau développement encore nouveau pour améliorer l’efficacité et la collaboration des équipes, même si tout reste encore à imaginer sur ce point.
Comment Crosscall se prépare-t-il à accompagner cette évolution ?
M.P. : Il faut avoir conscience que le programme NEO 2 est prévu jusqu'en 2029. Cela signifie que nous serons présents pendant près de 10 ans sur ce programme. En 10 ans, nous aurons l'occasion d'accompagner la transformation en profondeur du métier de policier et de gendarme.
Et je pense que notre force, c'est justement cette capacité à rester agiles tout en étant fiables sur le long terme. Nous ne sommes pas juste un fournisseur de matériel : nous sommes un partenaire qui co-construit avec nos clients des solutions d’avenir et durable. Cette philosophie prend tout son sens dans un programme aussi stratégique que NEO 2. Et nous sommes d’autant plus fiers de nous pouvoir le faire aux côtés des femmes et des hommes qui assurent notre sécurité au quotidien.